Mad Max : Fury Road (George Miller - 2015)
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Mad Max : Fury Road (George Miller - 2015)
Acteurs : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Rosie Huntington-Whiteley, Zoë Kravitz, Riley Keough, Nathan Jones.
NB: je poste ici une partie de la critique faite sur mon site.
Mad Max 4 : un film impensable ?
Impensable, même si on y pensait depuis longtemps, dès après la sortie du 3e volet, puis, de nouveau, en 2003. Le tournage était alors envisagé en Australie avec un budget de cent millions de dollars américains. Vraiment ? Et sans Mel Gibson ? Trois ans plus tard, en 2006, le réalisateur s’exprime : « Il y a un vrai espoir réel. La dernière chose que je voulais faire est un autre Mad Max, mais ce scénario est arrivé et je me suis fait complètement emporter par cela. » Trois ans se passent encore, nous sommes en 2009 : réaliser le film en images de synthèse et en 3D (comme pour Happy Feet (2006). On abandonne l’idée de la synthèse et on garde la 3D en ayant deux films pour objectif : Mad Max : Fury Road et Mad Max : Furiosa. Le tournage est repoussé en début 2012. Des pluies intenses ont modifié l’endroit prévu à Broken Hill (Nouvelle-Galles du Sud).Exit l’Australie. On ira dans le désert de Namibie pour un tournage très éprouvant de six mois. A l’arrivée, trois ans plus tard, cela donne quoi ?
Soyons honnêtes !
- Le scénario tient en une phrase : on filme une course poursuite dans le désert, elle va durer 1h45 sur les deux heures du film ;
- Mad Max (Tom Hardy) a très peu de dialogues : ceux-ci tiennent sur un feuillet A5. Les phrases sont courtes, parfois sans verbe et les grognements sont nombreux. Normal se dira-t-on : Mad Max a la tête encagée pendant le premier tiers du film ! La désincarcération ne l’aide pas. En fait, à côté de cela, les dialogues de Tom Hardy dans Bronson de Nicolas Winding Refn (2009) appartiennent au cinéma d’auteur ! L’expression d’Hardy - un acteur que j’apprécie au demeurant - est si monolithique, quasi inexpressive, qu’à côté de cela le jeu d’un Keanu Reeves est un chef d’œuvre d’expression !
- Mad Max (dont on ne connaitra le nom qu’à la fin du film) est réduit à être un « homme objet » : poche de sang - donneur universel - pour des guerriers qui ne sont que des demi-vivants.
- Bien plus, Mad Max n’est plus le héros. Ce rôle lui est ravi, magistralement, par Charlize Theron (l’impératrice Furiosa) et même par le jeune guerrier Nux (excellent Nicholas Hoult) qui, en plus de lui « piquer » son sang, le dépasse presque en terme de présence, de rôle et d’efficacité à l’écran. Bien plus, sa palette d’expression, son jeu et sa conversion à une autre cause dans le scénario donnent au jeune acteur âgé d’un peu plus de vingt ans au moment du tournage la possibilité d’un jeu très riche.
Zorro est arrivé !
Et alors ? Zorro est arrivé ! Enfin, le septentenaire George Miller est arrivé. Sans se presser (trente ans quand même) il a décidé qu’il n’y aurait pas de script et qu’un story-board de 3500 vignettes dessinées serait largement suffisant. Il ne va pas sauver Suzy mais Charlize (Furiosa) qui va donc ravir la vedette à Mad dans un rôle qui lui va à ravir ! Il va l’embarquer ainsi que d’autres acteurs dans des rôles exigeants au plan physique. La majorité des cascades seront vraies et exécutées par les acteurs eux-mêmes, vrais également les crashs très nombreux de voitures. « Il fallait qu’on puisse lire la folie sur leurs visages ». Autant dire que tout cela ne fut pas une partie de plaisir : la chaleur, la souffrance et les exigences physiques ont aussi fait que le film est ce qu’il est !
Une daube ?
Ben, c’est quoi une daube ? En tout cas, ce n’est pas un Bergman ou un Hanneke. Certainement pas un Mallick.
Ici, le film fait ce qu’on lui demande : une incroyable poursuite dans le désert qui dure quasiment durant la totalité du film. Pas de temps morts, peu de dialogues. De l’action du début à la fin et quelle action ! Epoustouflante avec des acteurs, mais surtout des actrices qui se donnent à fond.
Bravo M. Miller !
Et donc, proficiat, M. Miller d’avoir osé vous attaquer à votre propre franchise, à votre propre succès, au mythe que vous avez créé. Vous avez osé ! Vous avez utilisé tout ce qui a été fait en matière de film d’action pour doper ce nouveau film à la testostérone au risque d’en priver vos acteurs au profit de vos actrices. Vous avez osé vous passer de Mel Gibson, faire passer Mad Max au second plan jusqu’à reléguer son identité pour ne la dévoiler qu’à la fin du film. Vous ne nous laissez aucun moment de répit. A part quelques trucages moins réussis, vous nous scotchez dans nos fauteuils jusqu’à nous couper le souffle. A tel point qu’il nous faudra bien une pinte de bon sang universel et une autre de lait maternel pour nous remettre.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Si l'on parvient à oublier l'hallucinant concert de louanges qu'il entoure sa sortie (99% de critiques positives sur Rotten, on croit rêver), il y a de bonnes chances d'écarquiller les mirettes devant une portion non négligeable du long-métrage. C'est bien simple, Miller donne l'impression de vouloir pulvériser tous les records en matière de rythme, de surcharge logistique, de démesure pyrotechnique : le film est une course-poursuite non stop pendant deux heures, avec tout juste deux trois pauses pour souffler, et remplies jusqu'à la garde d'engins hallucinatoires, de crânes tondus, de monstres atrophiés, d'explosions en tous genres... L'amateur des précédents volets devrait n'être ni surpris ni déçu, car en dépit du relifting numérique et de deux-trois effets bien moches, leur substantifique moelle est là et bien là. J'avoue qu'au bout de dix minutes j'avais presque mal au crâne tant la surenchère d'hystérie, de plans hachés et de vociférations ne propose longtemps aucune contre-mesure (la première demi-heure est proprement épuisante). Mais la folie de l'ensemble finit par faire son effet, et je me suis pris, à plusieurs reprises, à jubiler comme un gosse dans mon fauteuil. Malgré la (relative) lourdeur de quelques séquences plus explicatives, malgré la minceur toute revendiquée des enjeux, et malgré les excès dont l'entreprise, sur la fin, souffre un peu. Je finis sur le meilleur atout : Charlize Theron, superbe héroïne dont la détermination, la force morale et le charisme en imposent. Le film lui doit beaucoup.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Et par rapport à Road Warrior ? C'est de la surenchère supportable ou pénible ?Thaddeus wrote:Quelques mots rapides sur ce quatrième volet et très tardif volet de la saga, avant qu'il ne se fasse démolir en bonne et due forme par Demi-Lune.
Si l'on parvient à oublier l'hallucinant concert de louanges qu'il entoure sa sortie (99% de critiques positives sur Rotten, on croit rêver), il y a de bonnes chances d'écarquiller les mirettes devant une portion non négligeable du long-métrage. C'est bien simple, Miller donne l'impression de vouloir pulvériser tous les records en matière de rythme, de surcharge logistique, de démesure pyrotechnique : le film est une course-poursuite non stop pendant deux heures, avec tout juste deux trois pauses pour souffler, et remplies jusqu'à la garde d'engins hallucinatoires, de crânes tondus, de monstres atrophiés, d'explosions en tous genres... L'amateur des précédents volets devrait n'être ni surpris ni déçu, car en dépit du relifting numérique et de deux-trois effets bien moches, leur substantifique moelle est là et bien là. J'avoue qu'au bout de dix minutes j'avais presque mal au crâne tant la surenchère d'hystérie, de plans hachés et de vociférations ne propose longtemps aucune contre-mesure (la première demi-heure est proprement épuisante). Mais la folie de l'ensemble finit par faire son effet, et je me suis pris, à plusieurs reprises, à jubiler comme un gosse dans mon fauteuil. Malgré la (relative) lourdeur de quelques séquences plus explicatives, malgré la minceur toute revendiquée des enjeux, et malgré les excès dont l'entreprise, sur la fin, souffre un peu. Je finis sur le meilleur atout : Charlize Theron, superbe héroïne dont la détermination, la force morale et le charisme en imposent. Le film lui doit beaucoup.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Bisous.Thaddeus wrote:Quelques mots rapides sur ce quatrième volet et très tardif volet de la saga, avant qu'il ne se fasse démolir en bonne et due forme par Demi-Lune.
Encore une fois, on est raccord. Tu es simplement trop clément.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Ah, voilà. J'allais te demander ce que tu pensais des précédents parce qu'il me semble qu'une grande partie de ce qu'on peut reprocher à ce film, on peut le leur reprocher également. Mad Max (la série), c'est presque un genre en soi : des bagnoles qui vrombissent et des types qui se foutent sur le gueule à cent à l'heure. Et... c'est à peu près tout. Je caricature évidemment (on peut y extraire un éventail assez large de considérations politiques/métaphoriques/mythologiques, et les exégètes ne manqueront pas de le faire), mais leur reprocher de ne pas approfondir les personnages par exemple, ne serait-ce pas un peu comme reprocher à Psychose de ne pas être drôle ? Mad Max, c'est le film de la vitesse, de la célérité, du saisissement, du choc, de la déflagration. Ce volet comme les précédents. Après, j'entends tout à fait qu'on trouve cela totalement vain et débile, hein.Demi-Lune wrote:Bien que n'étant pas vraiment amateur de la saga Mad Max
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Alors là, chacun jugera en fonction de son degré d'endurance rétinienne. J'adore Mad Max 2, mais peut-être que si je l'avais découvert à sa sortie, avec le bagage de spectateur qui est le mien aujourd'hui, j'en aurais pensé exactement la même chose que ce Fury Road.G.T.O wrote:Et par rapport à Road Warrior ? C'est de la surenchère supportable ou pénible ?
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Sauf que le premier Mad Max prenait vraiment soin de développer ses personnages. On se souvient plus facilement du début et de la fin, mais au milieu, il y a quand même un énorme passage à vide où les personnages ont de l'espace pour exister: Max, sa famille, ses collègues flics. Il y a peu d'action dans le premier épisode, et j'ai été frappé en le revoyant il y a quelques années de constater, outre le fait qu'il avait (mal) vieilli, que c'était un film ennuyeux. Quant au second, c'est une entreprise d'iconisation du personnage, plus charismatique que jamais, et qui s'humanise peu à peu à la lumière des besoins des autochtones qu'il va fréquenter. Là encore, ce qui intéresse Miller, ce n'est pas d'empiler de l'action ras la gueule, mais de développer son univers post-apocalyptique, l'atmosphère, avec ce désert australien et cette galerie de barbares néo-punk. Dans mes souvenirs, d'action spectaculaire il n'y en a vraiment qu'à la fin. Donc oui, ce n'est peut-être pas une saga qui brille par la profondeur de ses personnages, mais au moins les films avaient une respiration interne et l'univers avait de l'espace pour exister. Ce n'était pas de la simple surenchère pyrotechnique qui pousse les amplis à 11, comme c'est le cas de Fury road.Thaddeus wrote:Ah, voilà. J'allais te demander ce que tu pensais des précédents parce qu'il me semble qu'une grande partie de ce qu'on peut reprocher à ce film, on peut le leur reprocher également. Mad Max (la série), c'est presque un genre en soi : des bagnoles qui vrombissent et des types qui se foutent sur le gueule à cent à l'heure. Et... c'est à peu près tout. Je caricature évidemment (on peut y extraire un éventail assez large de considérations politiques/métaphoriques/mythologiques, et les exégètes ne manqueront pas de le faire), mais leur reprocher de ne pas approfondir les personnages par exemple, ne serait-ce pas un peu comme reprocher à Psychose de ne pas être drôle ? Mad Max, c'est le film de la vitesse, de la célérité, du saisissement, du choc, de la déflagration. Ce volet comme les précédents. Après, j'entends tout à fait qu'on trouve cela totalement vain et débile, hein.Demi-Lune wrote:Bien que n'étant pas vraiment amateur de la saga Mad Max
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Surenchère, c'est certain. Dire si elle te sera supportable ou pénible c'est autre chose...G.T.O wrote:Et par rapport à Road Warrior ? C'est de la surenchère supportable ou pénible ?Thaddeus wrote:Quelques mots rapides sur ce quatrième volet et très tardif volet de la saga, avant qu'il ne se fasse démolir en bonne et due forme par Demi-Lune.
Si l'on parvient à oublier l'hallucinant concert de louanges qu'il entoure sa sortie (99% de critiques positives sur Rotten, on croit rêver), il y a de bonnes chances d'écarquiller les mirettes devant une portion non négligeable du long-métrage. C'est bien simple, Miller donne l'impression de vouloir pulvériser tous les records en matière de rythme, de surcharge logistique, de démesure pyrotechnique : le film est une course-poursuite non stop pendant deux heures, avec tout juste deux trois pauses pour souffler, et remplies jusqu'à la garde d'engins hallucinatoires, de crânes tondus, de monstres atrophiés, d'explosions en tous genres... L'amateur des précédents volets devrait n'être ni surpris ni déçu, car en dépit du relifting numérique et de deux-trois effets bien moches, leur substantifique moelle est là et bien là. J'avoue qu'au bout de dix minutes j'avais presque mal au crâne tant la surenchère d'hystérie, de plans hachés et de vociférations ne propose longtemps aucune contre-mesure (la première demi-heure est proprement épuisante). Mais la folie de l'ensemble finit par faire son effet, et je me suis pris, à plusieurs reprises, à jubiler comme un gosse dans mon fauteuil. Malgré la (relative) lourdeur de quelques séquences plus explicatives, malgré la minceur toute revendiquée des enjeux, et malgré les excès dont l'entreprise, sur la fin, souffre un peu. Je finis sur le meilleur atout : Charlize Theron, superbe héroïne dont la détermination, la force morale et le charisme en imposent. Le film lui doit beaucoup.
Bon, pour faire court je souscris totalement au petit texte de Thaddeus. Le film joue à 100% la décharge d'adrénaline continue, en mettant l'ampli sur 11 et en saturant l'écran de mouvement et de couleurs. Mais voilà, si sur le papier j'aurais pu être vite saoulé comme Demi-Lune de cette hystérie pyrotechnique, le fait est que j'avais les mains moites pendant la majeure partie de la séance et le sourire aux lèvres à plusieurs reprises. Et cela uniquement parce que, derrière ce bouillonnement formel, il y a un savoir faire d'un autre âge.
C'est une partition cathartique, qui repose toute entière sur son montage, d'une extrême précision, en tout cas assez loin de la confusion que décrit un Demi-Lune visiblement démissionnaire. Il y a des trucs un peu foireux esthétiquement (mais le kitsch est une donnée intrinsèque à la saga). Le film est bruyant oui, ça passe ou ça casse, clairement, ça ne fait pas dans la dentelle, c'est sûr. Me concernant, l'énergie et l'inventivité déployées traduisent une jubilation punk assez communicative.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Gounou wrote:C'est une partition cathartique, qui repose toute entière sur son montage, d'une extrême précision, en tout cas assez loin de la confusion que décrit un Demi-Lune visiblement démissionnaire.
C'est vrai que je n'en pouvais plus au bout de vingt minutes.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Demi-Lune wrote:pousse les amplis à 11
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Si je comprends bien ta logique, tu préfères un film plus substantiel mais chiant (le premier Mad Max) à une grosse ride d'adrénaline creuse mais divertissante ? Le débat est ouvert, avec hellrick en guest star. Je partage tout à fait ton appréciation des deux premiers volets (et je précise que je n'ai pas encore vu le troisième).Demi-Lune wrote:Sauf que le premier Mad Max prenait vraiment soin de développer ses personnages. On se souvient plus facilement du début et de la fin, mais au milieu, il y a quand même un énorme passage à vide où les personnages ont de l'espace pour exister: Max, sa famille, ses collègues flics. Il y a peu d'action dans le premier épisode, et j'ai été frappé en le revoyant il y a quelques années de constater, outre le fait qu'il avait (mal) vieilli, que c'était un film ennuyeux. Quant au second, c'est une entreprise d'iconisation du personnage, plus charismatique que jamais, et qui s'humanise peu à peu à la lumière des besoins des autochtones qu'il va fréquenter. Là encore, ce qui intéresse Miller, ce n'est pas d'empiler de l'action ras la gueule, mais de développer son univers post-apocalyptique, l'atmosphère, avec ce désert australien et cette galerie de barbares néo-punk. Dans mes souvenirs, d'action spectaculaire il n'y en a vraiment qu'à la fin. Donc oui, ce n'est peut-être pas une saga qui brille par la profondeur de ses personnages, mais au moins les films avaient une respiration interne et l'univers avait de l'espace pour exister. Ce n'était pas de la simple surenchère pyrotechnique qui pousse les amplis à 11, comme c'est le cas de Fury road.
Mais je persiste à croire que ce quatrième épisode est, dans ses ambitions, dans la continuité du second. Entre l'hallucinante galerie de freaks proposés, le jusquauboutisme des codes esthétiques affirmés par Miller, la cohérence de cet univers de sable, de pétrole, de vent, d'humanité dégénérée et d'héroïsme sans gloire, il me semble qu'il continue de creuser un univers bien particulier qui n'a pas grand chose à voir avec le tout-venant des productions hollywoodiennes sans âme et sans personnalité. La différence réside, et on peut en effet le regretter, dans la course à la surenchère, dans la subordination (assez relative) à certains codes formels bien en vigueur aujourd'hui : le surgissement épileptique des souvenirs de Max, certains plans numériques... C'est triste à dire (ou peut-être pas du tout, et que nous sommes tous deux de beaux réacs), mais Miller devait sans doute se plier à ces quelques "impératifs" : il livre un film de son époque, le dernier volet date de trente ans et la saga doit bien se moderniser. Quant à la recherche d'iconisation, elle est selon moi bel et bien présente à travers le personnage de Furiosa. A travers elle, Miller a manifestation trouvé quelque chose d'intéressant. Pas révolutionnaire, pas bouleversant certes, mais assez séduisant et stimulant. Mais je laisse à de plus ardents défenseurs du film que moi le soin d'en dire du bien...
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
A dans trois mois pour le nouveau plus grand film de tous les temps.
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Re: Mad Max : Fury Road (Georges Miller - 2015)
Tu ne vas pas t'en sortir en déformant son nom!Thaddeus wrote:"Bon, si on excepte le fait que c'est le plus grand film du monde, y'a pas de quoi en faire tout un foin." Roufik Djoumi
A dans trois mois pour le nouveau plus grand film de tous les temps.
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