Savonnerie de Ré contre Savonnerie de l'île de Ré : la guerre des savons débute par la celle des noms. En 2009, les concurrents se retrouvent au tribunal pour défendre leur blason. « Le juge nous a renvoyés dos à dos », se souvient, amer, Arnaud Landry, patron de l'usine de Loix. Après cette bataille sans vainqueur ni armistice, le conflit se déplace autour du label « made in Ré ». Car, au-delà de ses vertus, sur l'île c'est surtout l'aspect local et artisanal du produit qui séduit.
« Un amuse touristes »
« Qu'on soit fabriquant ou vendeur, on a le droit de s'appeler savonnerie », déplore Arnaud Landry, qui tient à faire visiter son usine aux clients. Dans sa boutique du phare des Baleines, la famille Saint-Lo entend elle aussi donner des gages de fabrication artisanale. Derrière sa petite machine et devant les curieux, Frédéric Saint-Lo fabrique des cœurs en savon avec les initiales des clients. « Un amuse touristes qui n'alimente certainement pas trois boutiques », entend-t-on du côté de Loix. « L'essentiel de nos savons est produit hors saison », rétorque-t-on au pied du phare. Machine de trois mètres de haut, moule à air comprimé : dans le quartier artisanal de Loix, l'outillage est plus sophistiqué.
Christine Saint-Lo y voit le fruit de grosses ambitions : « Ce sont des industriels qui inondent le marché. Nous, on veut rester une petite entreprise familiale ». Pourtant, après sa première boutique, la Savonnerie de l'île de Ré en a ouvert deux autres, à Saint-Martin puis au Bois-Plage : « Une stratégie de survie », avance le patron accusant son adversaire d'être arrivé sur le marché tel un « rouleau compresseur ». L'un dit produire deux tonnes de savons par an, l'autre 18. « Avec cette quantité on reste des artisans », répond Arnaud Landry, dont l'usine n'a que deux employées.
Pas toujours du lait de Ré